Le Président de la République et madame Rossignol donnent des gages à
leur électorat et prennent le risque de rouvrir un sujet qui a
profondément divisé les Français.
La méthode est éprouvée : lorsqu’un sujet ne fait pas consensus,
plutôt que de lancer un débat de société visant à atteindre une position
partagée par une majorité de manière apaisée –ce qu’on pourrait
attendre de ceux qui gouvernent notre pays, en particulier sur les
sujets qui interrogent les consciences – on procède par glissements
successifs qui rendent inéluctable la transgression finale.
La circulaire Taubira du 25 janvier 2013 demandait qu’un certificat
de nationalité française soit délivré aux enfants nés à l’étranger d’un
père français et d’une mère porteuse. Première étape.
Aujourd’hui, madame Rossignol annonce qu’elle va abroger une,
prétendue, circulaire du 21 décembre 2012 rappelant les sanctions
encourues par les gynécologues qui orientent les femmes vers l’étranger
pour une PMA pratiquée en violation de la loi française: un risque de
cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. On remarquera que les
130 médecins ayant publié le 19 mars dernier une tribune dans un grand
quotidien pour clamer qu’ils contreviennent à la Loi ne sont visiblement
pas inquiétés. Ni par la Justice, ni par l’Ordre des Médecins, ni par
l’opinion publique. Deuxième étape.
Les ressorts sont connus : victimisation « On complique la vie des
couples lesbiens», dans le cas actuel ; « On prive un enfant de
nationalité », dans le cas précédent. On fait pleurer dans les
chaumières, on fait honte à ceux qui discriminent-le grand mot est
lâché- et la plupart des Français se disent : « en fait, ça ne me
dérange pas». Les chiffres des sondages évoluent doucement. L’autre
ressort consiste à fustiger ceux qui pensent différemment et donc mal.
Mais est-il encore décent, au regard des dernières manifestations, de
qualifier le mouvement d’opposition à la loi Taubira de « violent » ?
Il est d’ores et déjà facile de tracer les étapes suivantes : si les
couples lesbiens peuvent facilement pratiquer une PMA à l’étranger,
pourquoi l’interdire en France ? Troisième étape.
La dernière sera celle
de la GPA : pourquoi serait-il juste de priver les couples homosexuels
de ce dont bénéficient les couples lesbiens? Dernière étape.
Nous ne pouvons pas jouer la surprise puisque cette attitude
irresponsable s’inscrit en toute logique dans la perspective de 2017. A
défaut de réflexion en vue d’un véritable projet de société, l’équipe au
pouvoir utilise la transgression en guise de méthode de pensée et de
programme.
Où est le débat de fond sur ce sujet ? Où est la réflexion posée,
honnête, ouverte, étayée, pluraliste? Où est le débat démocratique?
Quelle que soit la manière dont on conçoit un enfant, il faut
toujours à un moment donné un homme et une femme, un père et une mère
qui permettent une nouvelle vie ; nouvelle vie qui va s’appuyer et
s’enraciner dans la vie, la chair et l’amour de ceux dont il est issu.
Oui, en prenant ces positions nous sommes « conservateurs », selon les
propos de la ministre. Nous voulons conserver pour l’enfant ce qu’il y a
de meilleur : grandir entre son père et sa mère. Qui se préoccupera des
plus petits, des plus faibles, des « sans-voix » que sont les enfants ?
Qui se demandera s’il est juste, de priver ainsi délibérément un enfant
de son père ? N’est-ce pas là que réside vraiment la discrimination ?
Pascale Morinière, Vice-présidente de la Confédération Nationale des Associations Familiales Catholiques
|