Oui, jour
après jour, ils marchent à la rencontre
de la vie : pour elle, ils se donnent beaucoup et ils en reçoivent beaucoup.
Quel admirable échange, au quotidien de relations humaines pleines de qualité
et d'intensité, de bonté et de compassion quand les souffrances sont là ! Qu'il
est magnifique de prendre soin avec douceur et compétence de telle sorte que
ces souffrances soient apaisées le plus possible !
Ils ont
vu que la vie est toujours un don à
recevoir. Ils ont conscience que la dignité humaine est inviolable et inaliénable, quelles
que soient les fragilités vécues. Ils ont compris que les personnes en grande
vulnérabilité faisaient sortir d'eux des
ressources insoupçonnées d'humanité.
Car ces personnes ont des talents, et il
serait dramatique qu'ils demeurent enfouis ou supprimés, par peur,
indifférence, exclusion ou mépris. Elles donnent du sens à l'action collective
grâce à leurs talents qui ne viennent pas de la force, ni de l'argent ni du
pouvoir, mais du cœur, de la capacité à nouer des relations essentielles, à
faire confiance, à engendrer la joie.
Ces
contemplatifs de la vie humaine entendent parfois des slogans apparemment
assurés et savamment médiatisés. J'avoue que je comprends leur tristesse, voire
leur colère, face à ces soi-disant certitudes selon lesquelles il serait évident
que telle vie humaine ne vaudrait plus la peine d'être vécue ou qu'il est
possible de la produire selon nos simples désirs d'adulte. Ils ont d'ailleurs
entendu les terribles désespoirs que ces paroles engendrent quand, sûres
d'elles, elles disqualifient des vies de personnes très fragilisées qui ont le
courage d'aimer la vie et de vivre.
Ils se
demandent alors si notre société n'aurait pas une conscience quelque peu
endormie en raison des canons de la performance et de la rentabilité qui modèlent nos désirs. Ils s'interrogent
sur nos techniques de plus en plus sophistiquées qui semblent agir comme des
étalons de mesure pour évaluer une vie humaine sans défaut. Et même, ils s'inquiètent
devant les marchands de rêves d'épanouissement idéal et sans limite, qui
risquent de nous aveugler sur les capacités de vraies joies chez ces personnes
vivant de grandes vulnérabilités.
En se
mettant à l'é cole de nos frères et sœurs en situation de vulné rabilité, on
apprend que chaque vie humaine est belle et vaut la peine d'être vécue. On
s'engage alors avec sollicitude auprès de celles et ceux qui souffrent devant
les vulnérabilités dans leurs familles. On se fait proche pour les écouter
respectueusement, les aider, les accompagner afin qu'eux aussi finissent peu à
peu par découvrir la même chose. Aimer la vie, c'est ne juger personne, mais
c'est apporter sa pierre pour que grandisse en notre société une culture de
vie, de soin, de relation et d'accompagnement.
« Chrétiens » , c'est-à-dire « disciples » de Jésus, vous y avez une belle
part. Vous savez que Dieu est le Dieu de la vie, qu'il est venu nous révéler la
beauté de la vie et qu'il s'est identifié aux personnes dont la vie
apparaissait la moins belle et la plus fragile. Jésus, qui aime la vie, est révolutionnaire
! « II a fait resplendir la vie » (2 Timothée 1,10). Il a bouleversé le monde en
apportant un message et un témoignage qui irriguent peu à peu les sociétés: le
Royaume de Dieu appartient aux « petits » et ce sont eux qui le font grandir.
Tout le monde le désire, car c'est un Royaume de paix et de justice, de liberté
et de solidarité, de fraternité et de vie. Son éthique est guidée par l'amour «
en actes et en vérité » (1Jean 3,18).
Il est
temps que nous réveillions nos consciences endormies et celles de nos
contemporains afin que, tous ensemble, nous nous émerveillions devant la beauté
de la vie en chaque être humain, de sa conception à sa mort naturelle. Il est
juste de prier à cette intention. Il est tout aussi juste que chacun prenne ses
responsabilités.
Chers
amis, trouvez les moyens qui vous conviennent pour dire que chaque vie humaine
est un trésor sans prix ! Témoignez de vos expériences, car cela peut toucher
les cœurs et convaincre celles et ceux qui en doutent.
Il s'agit
de « rendre raison » de la beauté
de la vie humaine, don de Dieu, mais «
avec douceur et respect » , comme nous y invite l'apôtre saint Pierre (1
Pierre 3,15-16).
Mgr Pierre D'ORNELLAS,
Rennes, le 17 janvier 2018
Eglise en Touraine - Mars 2018 - N° 90
Un poème sur la fin de vie pour approfondir vos réflexions sur la bioéthique...
" Un Amour m'attend
Ce qui se passera de l'autre côté Quand pour moi tout aura basculé Dans l'éternité Je ne le sais pas Je crois, je crois seulement Qu'un Amour m'attend.
Je sais pourtant qu'alors il me faudra faire Pauvre et sans poids Le bilan de moi Mais ne pensez pas que je désespère Je crois, je crois tellement Qu'un Amour m'attend.
Ne me parlez pas des gloires et des louanges Des bienheureux Et ne me dites rien non plus des anges Tout ce que je veux C'est croire, croire obstinément Qu'un Amour m'attend.
Maintenant mon heure est si proche Et que dire? Oh ! mais sourire Ce que je crois, je le croirai plus fort Au pas de la mort
C'est avec un Amour plus grand Que je descends doucement. Si je meurs ne pleurez pas C'est un Amour qui me prend II va m'ouvrir tout entière À sa joie, à sa lumière.
Si j'ai peur, et pourquoi pas ? Rappelez-moi simplement Qu'un Amour, un grand Amour m'attend"
Une carmélite sentant sa mort venir
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