21/09/2009 18:32 La Croix
L’Académie catholique de France
Une longue gestation
En octobre 2008 s’est réuni un comité restreint au Collège des Bernardins, à Paris, décidant de l’appellation « Académie catholique de France » et de son siège social à cette adresse. En janvier 2009, première réunion du bureau, avec Philippe Capelle (président), Jean-Robert Armogathe et Edgardo Carosella (vice-présidents), Pierre Manent (secrétaire), avec adoption finale des statuts et du règlement intérieur. En mars 2009, première réunion du conseil scientifique et élection des premiers membres du « corps académique ».
Deux instances
–
un corps académique
, composé de personnalités de différentes disciplines scientifiques, philosophiques théologiques, artistiques et juridiques, dont l’œuvre est reconnue. Pour l’instant, il comprend 25 personnes. À terme, il devrait atteindre 70 membres. Les candidats sont soumis au vote des membres par un conseil académique.
–
Une association d’adhérents
, réunissant les institutions et personnes qui le désirent, « dont la production témoigne d’un attachement à la tradition intellectuelle du catholicisme ainsi qu’à son actualisation ». Ils sont aujourd’hui au nombre de 80, dont 18 institutions.
Manifestations
L’Académie catholique de France proposera
chaque année
un colloque national et des événements régionaux. Elle organisera des débats de fond sur de larges sujets comme la question de la nature, la portée éthique des données technologiques, religions, écoles de philosophie et question des droits humains, etc. Elle organisera enfin des rencontres ponctuelles avec les médias, afin de mieux faire comprendre, « à l’écart des slogans et des méprises, les logiques avec lesquelles la recherche et la réflexion se déploient en christianisme, tout particulièrement en catholicisme, pour l’amour de Dieu et de sa Création ».
Le congrès inaugural
se tiendra au Collège des Bernardins le 23 octobre, sur le thème « Dieu, le temps, la vie ».
2009-09-23 -
INAUGURATION DE L'ACADÉMIE CATHOLIQUE DE FRANCE
Le 22 septembre a été présentée la fondation de l'Académie catholique de France qui entend mettre en relief l'apport de la pensée chrétienne dans les débats de société. 70 intellectuels et 18 institutions participent à sa fondation.
Elle tiendra son congrès inaugural le 23 octobre, avec pour thème : "Dieu, le temps, la vie". Inspirée de l'Académie Catholique de Mayence, en Allemagne, elle est néeen 2007 de l'initiative d'un groupe d'universitaires, dont le Pr Philippe Capelle-Dumont, le Pr ofesseur de médecine Edgardo D. Carosella et le P. Jean-Robert Armogathe. Elle n'est pas liée à l'épiscopat.
Elle a son siège au collège des Bernardins, à Paris, organisera des colloques scientifiques, nationaux et régionaux, et prendra, le cas échéant, des positions publiques sur les questions de société posées par l'actualité. Le corps académique est composé à 84% de laïcs.
Cette instance qui se revendique tout à la fois académique et catholique, vient à l'heure où l'Église semble particulièrement discréditée, et où tout ce qui relève tant soit peu de l'institution fait peur, c'est pour le moins, comme le dit Nathalie Nabert, Doyen honoraire de la faculté de lettres de l'Institut catholique de Paris.
Les personnalités impliquées dans l'« Académie catholique de France » du philosophe Rémi Brague au journaliste et essayiste Jean-Claude Guillebaud en passant par le P. Jean-Robert Armogathe et Mgr Joseph Doré, comme au vu des institutions qui soutiennent cette Académie : les huit facultés de théologie catholiques, l'École biblique de Jérusalem, des revues, etc ..., l'affaire est sérieuse
Pas question, précise l'un des fondateurs, le philosophe et prêtre Philippe Capelle, de faire du « lobbying » : il n'y aura ni pétitions, ni prises de position sur chaque événement d'actualité. Ce qui est visé, c'est moins l'engagement que l'expertise.
En créant une Académie, le modèle est clairement celui de l'Allemagne, où dialoguent ainsi des philosophes, des théologiens et des scientifiques.
En 2004, dans la revue Esprit, Philippe Capelle et Henri-Jérôme Gagey demandaient que l'on fasse droit à une tradition catholique de rencontre entre la foi et la raison. Enfin, la nécessité d'une parole de laïcs est aussi mise en avant : depuis quelques années, l'opinion publique a tendance à confondre l'Église avec le clergé. « Nous voulons ainsi favoriser l'émergence de laïcs intellectuels, sortir d'une certaine langue de buis, du ghetto où les catholiques se sont volontairement enfermés », complète Rémi Brague.
Le choix du lieu où siègera la nouvelle Académie catholique est emblématique, rappelons en effet que c'est au Collège des Bernardins que Benoît XVI s'était adressé au monde de la culture, lors de son voyage en France il y a un an.
En octobre 2008 un comité restreint s'était réuni au Collège des Bernardins, à Paris, décidant de l’appellation « Académie catholique de France » et de son siège social à cette adresse. En janvier 2009, première réunion du bureau, avec Philippe Capelle (président), Jean-Robert Armogathe et Edgardo Carosella (vice-présidents), Pierre Manent (secrétaire), avec adoption finale des statuts et du règlement intérieur. En mars 2009, première réunion du conseil scientifique et élection des premiers membres du « corps académique ».
Deux instances forment cette Académie :
– un corps académique, composé de personnalités de différentes disciplines scientifiques, philosophiques théologiques, artistiques et juridiques, dont l’œuvre est reconnue. Pour l’instant, il comprend 25 personnes (liste ci-joint). À terme, il devrait atteindre 70 membres.
– Une association d’adhérents, réunissant les institutions et personnes qui le désirent, « dont la production témoigne d’un attachement à la tradition intellectuelle du catholicisme ainsi qu’à son actualisation ». Ils sont aujourd’hui au nombre de 80, dont 18 institutions.(source : La Croix)
1/09/2009 20:39 La Croix
Les intellectuels catholiques en quête de visibilité
Mardi 22 septembre est présentée l’Académie catholique de France qui tiendra son congrès inaugural le 23 octobre
C’est au Collège des Bernardins que Benoît XVI s’est adressé au monde de la culture. C’est dans ce même lieu que siègera la nouvelle Académie catholique (Photo Giuliani/CPP/Ciric).
L’initiative pourrait prêter à sourire : lancer une instance qui se revendique tout à la fois académique et catholique ! À l’heure où l’Église semble particulièrement discréditée, et où tout ce qui relève tant soit peu de l’institution fait peur, c’est pour le moins, comme le dit Nathalie Nabert, « courageux ».
Pourtant, au regard des personnalités impliquées dans l’« Académie catholique de France » présentée mardi 22 septembre, du philosophe Rémi Brague au journaliste et essayiste Jean-Claude Guillebaud en passant par le P. Jean-Robert Armogathe et Mgr Joseph Doré, au vu aussi des institutions qui soutiennent (les huit facultés de théologie catholiques, l’École biblique de Jérusalem, des revues…), l’affaire est sérieuse : en 2009, ceux qui réfléchissent et se disent catholiques éprouvent le besoin de se retrouver, et de mieux afficher leur identité.
La disparition de René Rémond semblait avoir signé symboliquement la fin de « l’intellectuel catholique ». De ces catholiques qui, après guerre, pouvaient prendre leur plume pour s’opposer avec retentissement à la torture durant la guerre d’Algérie. De ceux qui se retrouvaient au Centre catholique des intellectuels français (CCIF), espace de discussion important, jusque dans les années 1975.
Un modèle de catholique engagé dans la République, que l’ancien président de la Fondation nationale des sciences politiques incarnait à merveille, assurant, note l’historien Denis Pelletier, « une triple médiation » : entre l’Église, où il était respecté, le monde des laïcs catholiques, dont il faisait partie, et la société sécularisée, où l’on reconnaissait sa compétence.
Cette figure d’intellectuel semblait sans héritier
Cette figure d’intellectuel semblait sans héritier. Dans les années 1990, le quotidien Le Monde titrait sur « le silence des intellectuels catholiques », silence dont René Rémond lui-même était le premier à se désoler, en 2000 (1), s’inquiétant de la disparition de la pensée chrétienne dans le débat public.
L’Académie catholique de France se lance donc pour relever le gant. À sa manière. Pas question, précise l’un des fondateurs, le philosophe et prêtre Philippe Capelle, de faire du « lobbying » : il n’y aura ni pétitions, ni prises de position sur chaque événement d’actualité. Ce qui est visé, c’est moins l’engagement que l’expertise. En créant une Académie, le modèle est clairement celui de l’Allemagne, où dialoguent ainsi des philosophes, des théologiens et des scientifiques. Les promoteurs de l’Académie ont aussi vraisemblablement en tête l’Italie, où le catholicisme reste une composante importante du débat d’idées, avec une grande diversité de points de vue.
Car en France aussi on serait aujourd’hui bien en peine de dessiner le portrait-robot de l’intellectuel catholique, ou de les regrouper tous derrière une même bannière, tant les appartenances sont variées.
Avec cette Académie, il s’agit justement de faire dialoguer des gens de tous horizons, avec des savoirs de diverses matières, remarque le biologiste Edgardo Carosella, chercheur à l’hôpital Saint-Louis : « Nous-mêmes sommes rarement confrontés à d’autres expertises. » Il ne s’agit pas d’être un intellectuel au sens où on l’entend depuis l’affaire Dreyfus, à savoir, explique Rémi Brague, « celui qui excipe de sa compétence scientifique pour revendiquer une autorité morale ».
Reste un minimum, poursuit le philosophe : « Un expert, qui l’est toujours dans un domaine très limité du savoir, et qui a le devoir d’éclairer les autres sur ce domaine, spécialement quand une vulgate médiatique contient des erreurs ou des demi-vérités. »
"Nous vivons une époque où il est important de se situer"
Dès lors, pourquoi regrouper cette expertise derrière le label « catholique » ? L’Académie, assure le P. Philippe Capelle, sera évidemment ouverte aux hommes d’autres religions et aux non-croyants. « En même temps, affirme-t-il, nous vivons une époque où il est important de se situer, de savoir d’où nous parlons. » Le besoin de plus grande visibilité est cité par tous les participants : « À force d’être seuls sur notre île, on se dilue », note avec humour Nathalie Nabert.
Même si on les entendait moins, les intellectuels catholiques n’ont pas disparu. Il existe une production intellectuelle de qualité, aussi bien dans les universités que dans les revues, et ceux qui la font veulent le faire savoir, « en dehors de l’image d’intolérance qui leur colle à la peau », ajoute celle qui fut doyen de la faculté des lettres de la Catho de Paris.
En 2004, dans la revue Esprit, déjà, Philippe Capelle et Henri-Jérôme Gagey demandaient que l’on fasse droit à une tradition catholique de rencontre entre la foi et la raison. Enfin, la nécessité d’une parole de laïcs est aussi mise en avant : depuis quelques années, l’opinion publique a tendance à confondre l’Église avec le clergé. « Nous voulons ainsi favoriser l’émergence de laïcs intellectuels, sortir d’une certaine langue de buis, du ghetto où les catholiques se sont volontairement enfermés », complète Rémi Brague.
Ce ne sera pas avant trois ou quatre ans, au vu de ses productions, que l’on pourra juger de la pertinence et de la pérennité de cette Académie. On retiendra cependant que la toute nouvelle institution a voté ses statuts en janvier 2009 : en pleine affaire Williamson, à un moment où, justement, le besoin d’une voix à la fois authentique et compétente se faisait singulièrement sentir.
Isabelle DE GAULMYN
(1) Dans Le Christianisme en accusation (Desclée de Brouwer). |