Educateur spécialisé, fondateur et directeur de l'association Le Valdocco, Jean-Marie Petitclerc,
prêtre
salésien, a participé au « Forum Grands témoins » sur le Gender,
organisé à Boulogne-Billancourt le 2 décembre 2012. Dans son
intervention, il plaide pour le repère que constitue la différence
homme/femme. Extraits.
Lorsque j'observe le parcours de tous
les adolescents parmi les plus problématiques, je constate que la
caractéristique commune est l'absence de pères. Beaucoup sont élevés par
des mères seules. Pour quelques autres, le père est physiquement
présent mais l'adolescent n'a jamais pu s'appuyer sur lui. Ces jeunes
sont allés au collège avec une majorité d'enseignantes. ils ont été
parfois convoqués par Madame le Principal. Ils passent devant Madame le
Juge pour enfants - un exemple : le tribunal pour enfants de Lyon compte
onze juges femmes et un juge homme - et la plupart du temps le juge
confie des mesures d'AEMO (action éducative en milieu ouvert) à Madame
l'Educatrice spécialisée.
Les seuls hommes qu'ils rencontrent, ce sont les CRS ! N'allez pas voir
d'emblée une volonté d'émeute ou de révolution, ils ont besoin de cette
confrontation. Cette absence des hommes dans l'éducation pose problème.
[...] On dit souvent qu'une société sans père est une société sans
repères. Les adolescents qui posent le plus de problèmes sont ces jeunes
marqués par l'absence de pères. 90% de la délinquance des jeunes est le
fait des garçons contre 10% pour les filles.
Gardons ce bon sens de l'importance de la différence. [...]
L'égalité des droits entre hommes et femmes évoque des combats menés
dans les années 70-80. Aujourd'hui, nous sommes dans l'indifférenciation
: tout se vaut. C'est vrai en terme de droits mais que cette légitimité
à l'égalité n'aille pas masquer, escamoter cette source
d'enrichissement qu'est la différence. Il faut éduquer à la différence,
source de vie. Biologiquement, c'est inscrit. Nous avons encore à faire
un gros effort en termes d'égalité des droits mais méfions-nous d'une
société qui va ternir l'image du père.[...) Il y a peu de séries
télévisées où les pères allient amour et loi, fermeté et attention à
leurs enfants. Ils sont soit absents soit papa-poules, le sommet étant
le film
Mme Doubtfire où le papa qui a perdu la garde de ses
enfants est obligé de se déguiser en gouvernante pour les revoir. Il
faut savoir que seuls 15% des enfants sont sous la garde du père. En ce
sens, les droits du père sont parfois aussi un peu en danger.
Je ne suis pas là pour discréditer les mères. [...] Retravaillons
l'articulation des fonctions dans la complémentarité. [...] Aujourd'hui,
ce qui me paraît le plus dramatique dans la position de mes
concitoyens, c'est que le « droit à l'enfant » passe avant le droit de
l'enfant. Or l'
Evangile
nous invite à l'inverse. Est-ce qu'un enfant n'a pas droit et à son
père et à sa mère ? L'enfant me semble un peu oublié dans les débats
actuels.
Le plus grand reproche que l'on fait aux jeunes est d'être sans repères.
Alors n'effaçons pas ce dernier repère qui est celui de la différence
homme/femme !
Transcription et sélection des extraits par Chantal Joly