Jeunes - 16 mars 2011
Jean-Paul II et les jeunes
Evêque
d'Evry-Corbeil-Essonnes, Mgr Michel Dubost a coordonné les Journées
Mondiales de la Jeunesse à Paris en 1997. Il nous propose une réflexion
sur la relation privilégiée que Jean-Paul II a su nouer avec les jeunes.
Bien sûr, il y a les J. M. J. Et l'on pourrait ne parler que de ces journées.
Mais l'on manquerait quelque chose d'essentiel qui en est comme le
fondement : le sens de la rencontre ou, plus exactement, l'expérience
élémentaire de l'homme que l'on peut faire dans chacune de ces
rencontres.
L'expérience élémentaire de l'homme doit sans doute beaucoup à la
jeunesse de Karol Wojtyla : il perd sa mère à neuf ans, son frère à
douze, son père à vingt-et-un. Ouvrier à vingt ans. Il trouve le ressort
à vingt-et-un ans de fonder un théâtre et, à vingt-deux, d'entrer dans
un séminaire clandestin alors que la vague brune déferle sur l'Europe et décime la Pologne.
Sa jeunesse est une mise à nu de son humanité... et de son élan de vie.
Et toutes ses rencontres avec les jeunes en seront marquées.
« Les jeunes me permettent de ne pas oublier ce que la vie m'a
appris, ma découverte de la jeunesse et de son importance décisive dans
chaque existence humaine. » (1994).
A l'évidence, le secret de sa jeunesse, ce qui lui a permis de vivre
pleinement, est la rencontre avec le Christ... Je l'ai entendu souvent
parler à des jeunes. Dans chacune de ses interventions, il y avait une
invitation à avancer, à rencontrer, à se laisser rencontrer, à accepter
que le regard du Christ aille jusqu'au plus profond de soi. Il aimait
spécialement citer le dialogue du Christ et du jeune homme riche... « J ésus
fixa sur lui son regard et l'aima. » - « Une seule chose te manque, va,
vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres et tu auras un trésor
dans le ciel ; puis, viens, suis-moi. » (Marc 10, 17 -30)
Pour moi, cette citation fréquente ne peut pas ne pas avoir été
autobiographique... le regard que le Christ a porté sur lui est celui
qu'il a voulu avoir sur les jeunes.
« Je souhaite à chacun de vous de découvrir ce regard du Christ et
d'en faire l'expérience jusqu'au bout... Il est nécessaire à l'homme, ce
regard aimant. Il lui est nécessaire de se savoir aimé, aimé
éternellement et choisi de toute éternité. » (Lettre à tous les jeunes, 1985).
Lieu de formation des futurs prêtres.
Un regard de confiance, exigeant et appelant
De fait, entre le « sportif de Dieu » accueilli par le Cardinal
Marty au Parc des Princes et le vieillard parkinsonien des J. M. J. de
Toronto, le point commun est le regard de confiance, exigeant et
appelant. Il est possible que le regard du vieillard ait davantage
encore manifesté la bienveillance de celui que les jeunes de sa première
paroisse appelaient déjà « Wajek » (mon oncle), en signe d'affection.
Jean-Paul II pouvait passer, à maints égards, auprès des jeunes comme un
homme témoin d'un passé révolu -ne serait-ce que celui du fascisme et
du communisme (et beaucoup ignoraient sa résistance...)- mais, ancré
dans la passé, il leur apparaissait comme sensible à ce qui leur
importait -le combat des Droits de l'Homme, le dialogue interreligieux,
l'ouverture au monde avec les voyages dans 115 pays, la reconnaissance
des erreurs passées de l'Eglise et la repentance et, surtout, l'élan de
vie.
Le cri de son discours d'installation, même lorsqu'il n'a pas été
entendu, a résonné dans les oreilles de tous les jeunes : « N'ayez pas
peur, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ». Il se peut
d'ailleurs qu'il ait été davantage compris par ces jeunes de la «
génération Jean-Paul II » qui, de Washington (« J. P. two, we love you
») à Casablanca se sont découverts en profondeur, que de certains
d'entre nous, plus ou moins réticents à l'entendre parler de nouvelle
évangélisation. L'appel lancé devant la croix de Mogila (9 juin 1979)
avait pour but d'inscrire la foi des habitants d'un monde toujours
nouveau dans la continuité de l'histoire. La confiance du Pape Wojtyla
envers les jeunes s'est toujours exprimée par des appels à la mission.
Bien sûr, il y a les J. M. J. : Rome (1984 pendant l'année sainte et
préface des J. M. J.), Rome (1985), Buenos Aires (19887), Compostelle
(1989), Czestochowa (1991), Denver (1993), Manille (1995), Paris (1997),
Rome (2000), Toronto (2002)... gigantesques fêtes qui scandent le temps
d'un pèlerinage mondial, peuplent les mémoires, ouvrent à l'universel, mais aussi à la grâce, à l'intelligence de la foi, à la rencontre et, au cœur de chacun, à l'expérience élémentaire de l'homme.
Les cardinaux sont les premiers collaborateurs du papeDialogue entre les chrétiens et les autres religions.Bienveillance de Dieu pour les hommes.Communauté locale de chrétiens, placée sous la responsabilité d'un curé mandaté par l'évêque.Voyage effectué par un croyant vers un lieu de dévotion.
Appelés à être vraiment eux-mêmes
Jean-Paul II a fait confiance aux
jeunes. Il n'ignorait pas les difficultés de la transmission de
l'essentiel d'une génération à l'autre. Il savait que beaucoup de jeunes
étaient ignorants de leur histoire. Mais il savait que, dans chaque
cœur, il existe une requête de liberté, de dignité et de sens. Cette
requête est de tous les temps, elle fut celle d'Agnès de Rome, de
Joséphine Bakhita, de Marcel Callo, de Pier Giorgio Frassati... Et il a
osé appeler, à temps et à contretemps, les jeunes à être vraiment
eux-mêmes, c'est-à-dire saints.
Mgr Michel Dubost
Evêque d'Evry-Corbeil-Essonnes
Successeur des apôtres.
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