Carême et catéchuménat
Carême et Catéchuménat coïncident dans une
ultime étape essentielle du parcours du Catéchumène. Ce temps du Carême voit
donc se rejoindre d’une part les Catéchumènes qui se préparent à recevoir le
Baptême et les Chrétiens déjà baptisés qui, eux, sont appelés à faire mémoire
de leur Baptême reçu. Cette « montée » vers Pâques est à la fois un
temps catéchuménal décisif et un temps fort à la fois personnel et
communautaire pour tous les membres de l’Eglise. Le Baptême, reçu ou qui va être reçu, est
intimement lié à la fête de Pâques.
Le Carême, un temps décisif pour le
Catéchumène…
Le Carême est pour les catéchumènes le temps
appelé de la purification et de
l’illumination. Il débute le premier dimanche de Carême par le rite de l’Appel décisif. L’Evêque, au nom de
l’Eglise, appelle chaque catéchumène et l’invite à renouveler son engagement pour
se préparer à recevoir les sacrements qui feront de lui un chrétien à part
entière. Cet appel, qui est un rite d’admission, se base sur le témoignage et
le discernement des personnes qui ont accompagné le catéchumène sur son
parcours de préparation depuis son entrée
en Eglise (prêtre, accompagnateur) et qui reconnaissent qu’il est apte et
prêt. Cet Appel décisif s’accompagne de l’inscription du nom de chaque
catéchumène sur le « registre diocésain des futurs baptisés ».
Celui-ci devient donc appelé (electus ou élu disait-on dans l’Eglise
ancienne).
Un temps de conversion…
Puis
vient le temps des 3 Scrutins qui ont
lieu successivement le 3ème, 4ème et 5ème dimanche de Carême. Appelés ainsi
selon l’expression biblique Dieu qui
sonde les cœurs et les reins, ces Scrutins
appellent le catéchumène à la conversion. Du premier au troisième Scrutin, les futurs baptisés sont invités
à se fortifier contre les tentations, à entrer dans un chemin de conversion et
à s’attacher le plus profondément possible au Christ. Ils sont vécus au cours
de la messe dominicale (dans le Diocèse de Tours, les deux premiers dans la
paroisse et le troisième avec l’ensemble des appelés du Diocèse à l’issue d’une
retraite). Ce sont les textes liturgiques de l’Année A (Evangile de la
Samaritaine pour le premier, celui de l’aveugle-né pour le deuxième et celui de
la résurrection de Lazare pour le troisième) qui sont lus lors des messes qui
voient se dérouler ces Scrutins.
…et le
temps du don des Sacrements.
Au
final du Carême, quelques derniers rites terminent ce temps catéchuménal intense.
D’abord les Traditions qui visent à
l’illumination des proches baptisés. L’Eglise leur transmet avec amour deux trésors qu’elle regarde depuis ses
origines comme l’essentiel de sa Foi et de sa prière : le Symbole de la Foi (le Credo ou Je crois en Dieu) et la prière de Jésus transmise à ses apôtres le Notre Père. Ces deux Trésors seront proclamés (Reddition des Symboles) par le
catéchumène le samedi saint, ultime jour de préparation avant de recevoir les
Sacrements lors de la veillée pascale la nuit suivante.
Cette
dernière étape donne lieu à un dernier beau rite, celui de l’Effétah (d’un mot grec qui veut dire
« ouvre-toi ». Par ce rite le
catéchumène est appelé à recevoir la grâce pour entendre la Parole de Dieu et
la proclamer pour le salut. En signe de cette ouverture de tout son être, le célébrant touche avec son
pouce les oreilles puis les lèvres de chaque catéchumène. L’appelé est enfin marqué par l’onction de
l’huile des catéchumènes qui est administrée sur ses deux mains.
Le
catéchumène est ainsi « fin prêt » pour recevoir les trois Sacrements
de l’initiation chrétienne lors de la veillée pascale. Par le Baptême, il renaît
à une vie nouvelle qui l’incorpore dans le peuple de Dieu ; par la
Confirmation il est introduit dans la force de l’Esprit Saint qui l’appelle à
vivre et témoigner de sa Foi ; et par l’Eucharistie, il accède pour la
première fois au corps du Christ qui est communion à sa vie donnée en sacrifice
et préfigure déjà le « festin » du Royaume de Dieu.
Un temps de joie personnelle et
communautaire
Ce temps du Carême, on le voit, est un temps
intense composé d’étapes et de rites forts et riches des symboles essentiels de
la Foi chrétienne. Ces rites peuvent paraître complexes mais, en fait, ils sont
vécus simplement et surtout dans la joie. La joie de devenir chrétien, disciple
du Christ, source du bonheur de suivre pleinement Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Cette
joie vécue de recevoir les Sacrements à l’issue d’une dernière étape qui se
déroule sur tout le temps du Carême est à la fois personnelle et communautaire.
La joie personnelle du Catéchumène, qui
par les Sacrements reçus devient disciple du Christ et membre de son Eglise,
rejoint celle de la communauté ecclésiale qui l’accueille et l’incorpore en son
sein.
Le
Carême est ainsi un temps de partage entre les catéchumènes (appelés à recevoir
le Baptême à Pâques) et les chrétiens déjà baptisés (appelés à renouveler leur Baptême également à
Pâques) et qui se retrouvent ensemble pour en vivre toute la joie et
l’Espérance promises.
Jean-Yves DAUVILLON
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